Vraiment consternant
Le 23 novembre dernier, les directeurs de Conservatoires Municipaux d’Arrondissement et du CRR de Paris ont reçu une note absolument ahurissante de Mr Corbin Directeur des Affaires Culturelles de la Ville de Paris.
Par cette note, Mr Corbin souhaite un recadrage des enseignants artistiques de ces conservatoires, prônant, entre autre, l’interdiction de faire la promotion de leurs activités accessoires auprès de leurs élèves, l’interdiction «de communiquer directement par mel ou sms avec un élève mineur », et encore plus fort, l’interdiction de tous rapports d’amitiés entre professeurs et élèves.
Au-delà même des interdictions, ce sont les sous-entendus qui sont le plus humiliant pour nous enseignants. On peut en effet percevoir des accusations de comportements à risque, voir délinquants, comme si nous étions dépourvus de toute éthique.
La lecture de cette note amène quelques autres réflexions et questions :
- L’enseignant artistique a aussi pour responsabilité d’inciter ses élèves à aller aux concerts, et il devra donc s’abstenir de le faire s’il est au programme ? C’est quand même un comble surtout lorsqu’on sait à quel point les élèves sont sensibles au fait de pouvoir entendre leur professeur sur scène !
- Dans un futur proche, aurons-nous encore le droit de parler à nos élèves pendant les cours, ou devrons-nous passer par le secrétariat pour transmettre toutes nos remarques pédagogiques ?
- Et si la relation humaine est encore possible, est-t-il prévu de fournir à chaque enseignant un ordinateur et un téléphone pour qu’il puisse communiquer auprès de ses élèves avec du matériel professionnel, et ainsi ne pas créer de confusion, comme souhaité, entre vie personnelle et vie professionnelle ?
- Une liste des sentiments autorisés dans la relation élève/professeur sera-t-elle établie (haine, mépris, indifférence,…) ?
Il est incroyable de voir à quel point il est impossible pour un haut fonctionnaire formaté sur les bancs de l’ENA puis au ministère de l’économie, de comprendre le travail d’un enseignant artistique, et d’accepter son besoin de liberté d’action.
On se demande des fois si la volonté n’est pas de nous enfermer dans des petites cases bien dessinées, en deshumanisant les rapports entre les personnes, en empêchant l’esprit créatif de se développer, et en réduisant l’accès au plaisir que peut apporter la musique, le travail collectif, et plus généralement la culture.
